Après 34 ans dans le milieu de l’éducation, Luc Galvani prend sa retraite
MRC DE MASKINONGÉ. Depuis plusieurs jours, le bureau de Luc Galvani croule sous les papiers et les dossiers à trier et à transférer. Le 31 janvier, le directeur général du Centre de services scolaire des six dernières années prendra sa retraite au terme de 34 années passées dans le monde de l’éducation.
Rien ne le prédestinait pourtant à une carrière en éducation. « J’ai grandi dans une famille d’ingénieurs. J’ai donc commencé un baccalauréat en génie civil que j’ai lâché après un an et demi parce que je ne m’y retrouvais pas. J’avais une passion pour les mathématiques, alors je me suis réorienté en actuariat, un domaine qui était extrêmement contingenté à l’époque. Il fallait s’exporter à Toronto ou à l’extérieur du pays et ça ne m’intéressait pas. Quelqu’un m’a lancé l’idée de l’enseignement. Je suis allé faire un certificat en enseignement et tout ça m’a mené là où j’en suis aujourd’hui, 34 ans plus tard », raconte Luc Galvani.
Son mandat à la direction générale du CSS du Chemin-du-Roy aura été profondément marqué par la pandémie de COVID-19. Luc Galvani se souvient d’ailleurs qu’il était en réunion concernant la pédagogie et l’administration lorsqu’il a écouté le fameux point de presse du premier ministre François Legault lors duquel il annonçait la fermeture de toutes les écoles.
« On s’est tous regardés, un peu bouche bée, en se disant que ce n’était pas idéal, mais que ça durerait sans doute une semaine seulement. Et ça a perduré dans le temps. Je pense que c’est par des défis qu’une organisation peut progresser et c’en est un bel exemple. Ça nous a permis de lacer tout ce qui concerne l’enseignement à distance. Le pas qu’on a fait en quelques semaines aurait pris facilement de cinq à huit ans en temps normal », souligne-t-il.
« Ça nous a permis d’améliorer nos façons de faire à l’administration et d’intégrer le télétravail. Les Centres de services scolaires avaient aussi pris en charge les achats massifs d’ordinateurs portables et de masques, notamment, et se s’étaient assurés de faire l’accompagnement TI auprès du personnel. Ça aurait été lourd pour les directions d’établissement si elles avaient dû s’en occuper en plus du reste. En contrepartie, on sait que cette période a eu un impact sur la réussite des jeunes. Plusieurs ont été affectés et le sont encore, d’où l’importance de continuer à investir en éducation et dans la réussite scolaire. »
Sa carrière dans le monde de l’éducation a aussi été marquée par de grandes fusions entre les commissions scolaires du Québec dans les années 80, alors que la province est passée de 170 commissions scolaires à 72. C’est aussi à cette époque qu’il commençait ses premiers mandats de direction. « Ce n’était pas rien. Il fallait gérer différentes conventions collectives, fusionner les listes de rappel… Ça a été catastrophique », raconte Luc Galvani qui travaillait à Montréal à ce moment.
Sa carrière l’a ensuite mené à travailler dans les secteurs de la formation professionnelle et de l’éducation aux adultes.
« Plus récemment, la transformation des commissions scolaires en centres de services scolaires a aussi été marquante. On est alors passé de commissaires élus à un conseil d’administration. C’est venu changer des façons de faire. Avant, c’est le président du conseil scolaire qui agissait comme porte-parole, mais maintenant, c’est le rôle de la direction générale. Cette transition a aussi permis de se rapprocher de la communauté. »
Il recommencerait son parcours dans le milieu de l’éducation « n’importe quand », affirme-t-il.
« Le secteur de l’éducation est un milieu intéressant pour un développement de carrière et se réaliser pleinement. Ça a beaucoup évolué en 30 ans quand on pense aux outils dont disposent les enseignants dans leur classe. Il y a encore plusieurs enjeux à surveiller dans les prochaines années. Toute la question de la main-d’oeuvre est un enjeu majeur. La pénurie de main-d’oeuvre dans le monde scolaire est arrivée en Mauricie. Il faut valoriser le travail des gens en éducation », résume-t-il.
« Le plan d’engagement vers la réussite sera également un enjeu important avec tout ce qu’on a vécu comme impacts lors de la pandémie, poursuit Luc Galvani.. Il y aura des enjeux de réussite éducative chez nous. On s’est donné des cibles courageuses, soit un taux de réussite de 88% dans quatre ans. Il y a un suivi particulier qui sera mis là-dessus. »
Il se dit particulièrement fier de s’être réalisé comme directeur général du CSS du Chemin-du-Roy. « Mon leitmotiv, c’est connais ton impact. Je suis vraiment heureux de l’impact que j’ai eu dans mes équipes de travail. On a bien positionné le centre de services scolaire. Je pense aussi que les gens sont fiers d’y travailler. Les centres de services scolaires ont toute leur pertinence. »
« Le CSS du Chemin-du-Roy couvre le territoire de Maskinongé à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Il y a des milieux ruraux, mais également un centre urbain comme Trois-Rivières. C’est le rôle des centres de services scolaires de venir assurer une équité au niveau du déploiement des services, de la répartition des ressources et du transport scolaire. Ça vient soutenir les plus petites écoles comme les plus grandes. En centralisant des tâches administratives, ça vient dégager les directions d’établissement d’une certaine lourdeur administrative pour qu’elles puissent se concentrer sur la réussite éducative des jeunes. »
Luc Galvani s’apprête à passer le flambeau à Ginette Masse, actuellement directrice générale adjointe. Il entend d’ailleurs rester dans les parages pour quelques semaines, le temps d’assurer une transition en douceur à la tête du Centre de services scolaire du Chemin-du-Roy.
Et après?
« Je vais prendre une pause, mais assurément, je n’arrêterai pas de travailler! Je vais me renouveler ailleurs, mais avec moins de presse et de responsabilités qu’en ce moment, lance-t-il en riant. Ça va aussi me permettre de m’impliquer dans certaines activités que j’avais déjà. Mais assurément, je vais m’ennuyer des gens. C’est ce qui me fait le plus peur avec la retraite. C’est le contact au quotidien avec les gens, les enjeux, les défis… Oui c’est épuisant, mais c’était motivant », conclut-il.