« Un arbitre se développe comme un joueur »
HOCKEY. Le juge de ligne Maxime Carré entame sa première saison dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Il s’est installé à Saint-Boniface depuis un an et demi afin de se rapprocher de son lieu de travail, lui qui est intervenant en santé mentale à l’hôpital Ste-Thérèse à Shawinigan. L’homme de 26 ans fait le parallèle entre l’arbitrage et son travail : « Les deux c’est la gestion de la pression, prendre des décisions rapidement, et assumer ses décisions! »
Tout comme n’importe quel joueur de hockey, un officiel se doit de gravir les échelons pour passer au prochain niveau.
« Je me souviens, quand j’étais jeune, j’ai toujours dit que je voulais arbitrer. Quand j’ai commencé, l’âge minimum était 15 ans. J’ai commencé aussitôt que j’ai pu arbitrer ma première année midget. Ça prit trois saisons avant de monter dans le groupe Élite régional. À 20 ans, j’ai monté sur le programme provincial d’Hockey Québec pour faire du midget AAA, du collégial, et du junior AAA. Lors des deux dernières saisons, j’ai commencé au hockey universitaire. C’est drôle à dire, c’est un peu le même processus qu’un joueur », indique Maxime.
En racontant son parcours, le juge de ligne indique avoir eu une bonne saison l’an dernier, si bien qu’il était d’office pour la Coupe Télus, qui est le championnat des clubs midget AAA. Qu’est-ce qu’une bonne saison pour un officiel? « C’est la constance. Au fil des années, tu développes une certaine expérience. Tu vois des situations. C’est de gérer des situations qui ne sont pas nécessairement communes et de bien connaître tes règlements. C’est de développer une constance au point où tes superviseurs savent que tu vas pouvoir faire le travail sur un match important. »
L’homme de 26 ans indique qu’il a pris ce chemin pour vivre l’adrénaline des matchs de haut niveau, mais aussi pour la camaraderie entre collègues qui peut s’installer dans cette confrérie. « On est quatre juges de ligne à avoir gradué cette année. C’est quatre gars que je connais très bien. Ça fait des années qu’on arbitre ensemble. C’est un peu une école de vie. J’ai rencontré des arbitres qui font partie de mes meilleurs chums aujourd’hui. Je passe beaucoup de temps avec eux. C’est la route, les fins de semaine. L’été, on se retrouve tous aussi. C’est vraiment le fun. »
La LHJMQ et… le niveau professionnel
Le résident de Saint-Boniface a vécu son baptême dans la LHJMQ au match d’ouverture des Cataractes le 23 septembre dernier alors que le Phoenix de Sherbrooke était le visiteur. Il a fait quatre autres matchs depuis, à Victoriaville, Chicoutimi, Québec, et à Baie-Comeau.
« C’était un super feeling d’avoir mon premier match à Shawi. C’était le fun de voir des membres de ma famille et des amis. Mes parents m’ont soutenu là-dedans. Mon père est présent à quasiment toutes les games. Quand ce n’est pas loin, il est présent. C’était spécial de vivre ça avec eux autres. C’est sûr que j’étais nerveux de graduer à un nouveau niveau. C’est très professionnel. Il y a une coche dans le calibre. La première période, je réfléchissais beaucoup. Je pensais que j’étais un peu nerveux. Ça s’est replacé après. Ça a été toute une expérience. »
Les officiels reçoivent leur horaire un mois d’avance, ce qui leur permet de prévoir leurs déplacements et tout ce qui entoure la vie de famille.
Le 5 novembre prochain, Maxime Carré vivra un nouvel épisode de sa carrière alors qu’il sera d’office pour son premier match professionnel à Trois-Rivières dans la East Coast hockey league (ECHL). « C’est drôle à dire, mais le junior majeur, c’était vraiment mon objectif en tant qu’arbitre. C’est très difficile d’atteindre ce niveau. Il n’y en a pas beaucoup qui se rendent là. La ECHL, c’est comme un peu la cerise sur le gâteau. »
Est-ce que Maxime vise la Ligue nationale de hockey?
« Non, je reste réaliste par rapport à ça. J’ai quand même 26 ans. Je sais que je n’arbitrerai pas dans la Ligue nationale. Il aurait fallu que j’atteigne un haut niveau beaucoup plus jeune. Mes aspirations, c’est d’avoir la plus longue carrière possible au niveau du junior majeur. »
La campagne « Pas d’arbitre, pas de match »
On le sait, les arbitres sont souvent pris à parti par les amateurs, les parents, les joueurs et les entraîneurs. Comment le juge de ligne voit-il la campagne de sensibilisation « Pas d’arbitre, pas de match » mise de l’avant par l’Unité régionale des loisirs et des sports (URLS) de la Mauricie? « Il y a un gros bout qui appartient aux parents. Le hockey, c’est un sport émotif et tout le monde qui est impliqué là-dedans a des émotions, les entraîneurs, les joueurs, les parents. Ce n’est pas tout le monde en même temps qui va développer une bonne gestion des émotions. Je pense qu’il y a des événements qui vont toujours arriver. Un jeune arbitre peut commencer à 12-13 ans et il n’a pas de carapace. Je pense que les parents ont besoin de comprendre ça. Si un jeune fait de l’atome BB, c’est parce qu’il est à ce niveau. Il est en développement au même titre que les joueurs. Les joueurs font beaucoup d’erreurs à tous les matchs. Les arbitres vont faire beaucoup d’erreurs à tous les matchs. Ça fait partie de leur développement. Je pense qu’il faut que les parents, les entraîneurs, les gens qui sont impliqués développent cette perspective-là. Quand on y pense, un arbitre se développe au même titre qu’un joueur. »