Les besoins locaux des immigrants sous la loupe
Service d’accueil des nouveaux arrivants de la MRC de Maskinongé
IMMIGRATION. Le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) de la MRC de Maskinongé réalise actuellement une collecte de données sur l’ensemble du territoire. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une analyse des besoins du milieu en matière d’attraction et de rétention des personnes immigrantes qui doit être complétée au plus tard le 31 mars prochain. Elle permettra à l’organisme d’élaborer un plan d’action afin de répondre adéquatement aux besoins du milieu et à ceux des immigrants. «On souhaite identifier les besoins et les actions à entreprendre pour attirer et assurer l’établissement durable de nos personnes immigrantes. On a besoin des acteurs clés du milieu pour faire ce diagnostic. C’est la première fois qu’on fait cet exercice et c’est nécessaire pour avoir le portrait juste de la situation», commente Jonner Mina Sanchez, coordonnateur du SANA de la MRC de Maskinongé. Ce dernier reconnait qu’il y a, actuellement dans la région, une importante mobilisation de plusieurs partenaires pour combler les besoins de main-d’œuvre, mais qu’au-delà de ça, il est important de penser à l’intégration et à l’établissement durable des personnes immigrantes. «On a déjà accueilli des familles immigrantes ici, mais en raison du manque de places en garderie, ces familles ont quitté la région. Il faut aussi que ces gens puissent avoir un lieu d’hébergement. Présentement, c’est un problème! On a de la difficulté à trouver des endroits pour les héberger. Le transport des gens représente aussi un enjeu. Pour qu’ils viennent s’établir chez nous, on doit avoir de bons services et il faut que notre territoire soit prêt à les accueillir. En ayant tous les services nécessaires et en connaissant les besoins, ça facilite grandement l’attraction et la rétention des immigrants», reconnait M. Mina Sanchez. Le Service d’accueil des nouveaux arrivants est actuellement à l’étape de rencontrer et de sonder les acteurs clés du milieu. «Concrètement, ce diagnostic consiste à cibler les politiques, les projets et les stratégies existantes. On veut aussi connaître les offres de services aux personnes immigrantes, les caractéristiques du milieu et les initiatives qui permettent de faire la promotion de la région. On cherche à obtenir les forces, les faiblesses et les obstacles en matière d’immigration dans la MRC de Maskinongé. Au bout du compte, on veut aboutir à une attraction efficace et surtout à une rétention. On veut s’améliorer», poursuit Désiré Bizimana, chargé de projet au SANA. Consciente de sa réalité La MRC de Maskinongé, comme plusieurs autres régions au Québec, doit faire face, à l’occasion, au départ des immigrants pour deux raisons particulières, soit le respect des préférences en matière d’emploi recherché ou encore des conditions non-favorables à leur intégration dans la communauté. «On a 26% des immigrants qui quittent après s’être installés à un endroit en particulier. Dans la sélection des travailleurs étrangers, le Québec choisit souvent des personnes qualifiées et quand elles viennent ici, elles n’obtiennent pas leur travail de rêve. Le Québec cherche principalement des ouvriers. Donc, ces gens-là occupent un emploi qui n’est pas lié à leurs qualifications. Sa profession principale devient secondaire», renchérit M. Bizimana, en précisant que cette situation fait aussi partie de l’analyse du SANA. «Il y a aussi le fait que Montréal est le port d’attache des immigrants dès qu’ils arrivent au pays. Il faudrait peut-être voir à les diriger directement en région afin qu’ils puissent apprendre à connaître immédiatement notre réalité et non pas celle de la grande ville». Changements des façons de faire Le SANA de la MRC de Maskinongé cible également quelques failles dans les façons de faire et dans les exigences du marché de l’emploi. À ce chapitre, Jonner Mina Sanchez croit qu’il y a de la sensibilisation à faire et que le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour maximiser les opportunités d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre étrangère. «Souvent, on demande aux gens des références des anciens employeurs avant de les embaucher. Nos immigrants n’en ont pas parce qu’ils sont nouveaux chez nous. Il est aussi difficile de joindre les rangs des ordres professionnels en raison d’une certaine rigidité. Il faut faciliter l’accessibilité de ces gens aux réseaux professionnels et à l’emploi. On doit aussi reconnaitre et offrir des équivalences pour les études», soutient le coordonnateur du SANA. Mina Sanchez estime que le milieu fait également sa part pour sensibiliser les immigrants dès leur arrivée. «Ce qu’on dit aux personnes immigrantes lorsqu’elles viennent chez nous, c’est de se trouver rapidement un emploi pour s’intégrer au milieu et obtenir un statut social même si ce n’est pas dans leur domaine d’études. L’intégration des immigrants se fait généralement à travers leur premier emploi». Rappelons que la MRC de Maskinongé a multiplié les activités d’attraction des personnes immigrantes lors des derniers mois afin de répondre à la pénurie de main-d’œuvre, notamment avec des visites exploratoires ou en réalisant des activités de promotion du territoire. Sans réduire pour autant ces efforts, le plan d’attraction du SANA sera revu en tenant compte des enjeux locaux. Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon